Monday, 11 May 2015

ARCHIVES - Le djihadisme dans tous ses états : Connaître son ennemi

A l'automne 2014, JOL Press, le "pureplayer" d'actualité internationale dont j'assumais la rédaction en chef, a produit, en partenariat avec La Nouvelle Revue Géopolitique, un numéro "hors-série" consacré au "djihadisme dans tous ses états". 

Trois mois avant les attaques terroristes conduitent à Paris en janvier 2015, mon édito...





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29 juin 2014. Sous le nom d’Ibrahim, descendant du Prophète, Abou Bakr al-Baghdadi s’autoproclame « calife ». En ce premier jour de Ramadan, son organisation, « l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) », devient l’État islamique, un califat. Début juillet, le calife Ibrahim fait, à Mossoul en Irak, sa première apparition publique appelant les musulmans du monde entier à lui « obéir »…

La veille du 29 juin, les principaux dirigeants du monde, réunis à Sarajevo, se souvenaient de l’attentat qui avait coûté la vie à François-Ferdinand, archiduc d’Autriche, commémorant l’étincelle qui allait, en un mois, déclencher la plus grande boucherie de l’Histoire.

Trois semaines plus tôt, le 6 juin, les mêmes – ou presque –, sur les plages de Normandie, en présence des derniers vétérans, revivaient les grandes heures du D-Day.

Sur les berges de la rivière Miljacka comme sur les plages du Calvados, une même promesse intemporelle : « Plus jamais ça ! »

Comparaison n’est pas raison et, en histoire ou en géopolitique, comme en toutes choses convient-il d’être prudent avec les raccourcis… Mais comment oublier qu’il y a 25 ans – déjà - avec la chute du Mur de Berlin, l’effondrement de l’empire soviétique et la fin de la Guerre froide, un savant américain nous prédisait la fin de l’Histoire. Et comment ne pas constater, en ces temps de commémorations, que l’Histoire paraît plus que jamais - en deux générations au moins – déterminée à se répéter en ses développements les plus tragiques, obscures et mortifères.

Face à la montée de ces nouveaux périls, dans une époque encline à l’amnésie, on ne jouera jamais assez le rôle de Cassandre…

De nouveaux périls… Quels nouveaux périls ?

Il y a évidemment la crise, cette crise financière puis économique et désormais polymorphe, sociale, politique, morale, identitaire…

Il y a, en outre, la résurgence de conflits locaux qui, menaçant potentiellement les intérêts de puissances globales, risquent de dégénérer en conflagrations plus vastes : la crise russo-ukrainienne (cf. la précédent parution de la Nouvelle Revue Géopolitique), les tensions sino-japonaises autour de quelques îlots du Pacifique, l’Arctique devenu enjeu économique en raison du réchauffement de la
planète, les migrations climatiques…

Nous avons choisi de consacrer le dossier central de votre revue au djihadisme dans tous ses états en nous appuyant sur les meilleurs experts de ces questions.

Certes, le terme « djihadisme » alimente maintes querelles sémantiques. Pour certains, ce serait prendre le risque de stigmatiser, d’associer l’ensemble des musulmans du monde à de funestes ambitions qui les dépassent pour la plupart et dans lesquels, assurément, ils ne se reconnaissent pas.

Faudrait-il alors préférer le terme de « terroriste » et placer entre guillemets « L’État islamique » ou évoquer, pudiquement, « daesh » ou « daech » - cachant derrière cet incompréhensible acronyme une réalité que nous ne saurions voir ni assumer.

Pourtant, c’est bien au djihad qu’appellent le calife al-Baghdadi et son État islamique, les restes d’al-Qaïda et toutes les organisations qui, dans un vaste arc de violences, de la frontière turque aux confins du Mali, de la Libye au Nigéria, s’efforcent de déstabiliser les pouvoirs en place et d’imposer leur idéologie mortifère.

Ce « djihadisme dans tous ses états », que l’on pourrait également qualifier d’ « islamo-fascisme », est une perversion de l’islam, comme autrefois – il n’y a pas si longtemps – d’autres idéologies mortifères, en –ismes elles aussi - en Allemagne, en Russie et ailleurs, sont venus pervertir d’autres idéaux, comme ceux des Lumières ou de l’héritage judéo-chrétien.

Qui sait à quelle date, les historiens, dans les décennies à venir, feront dater le commencement de cette guerre conduite par ces islamo-fascistes contre tous ceux qu’ils perçoivent comme les ennemis de « leur » islam, l’islam le plus rétrograde et le plus barbare ?

Dans le sillage de la Bosnie dès 1992, après le 11-septembre, avec la guerre d’Afghanistan, la seconde guerre d’Irak ou le 29 juin 2014…

Une chose est sûre… Ce conflit est une guerre, une « guerre transfrontalière » devenue mondiale – de Washington à Paris et même à Téhéran et Riyadh - contre le djihadisme, l’obscurantisme, la barbarie.

Et pour mieux l’appréhender et le combattre, il importe, avant tout, de connaitre « l’ennemi », sans le surestimer ni le sous-estimer.

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